Nemesis : sur la piste des para-commandos de Flawinne
Si vous avez croisé des militaires belges et français lourdement armés dans la province du Hainaut la semaine dernière, ne vous inquiétez pas. La présence à grande échelle de para-commandos s’inscrivait dans le cadre de l’exercice « Nemesis ». Les 250 paras du 2 Bataillon Commando (2 Cdo) de Flawinne se sont entraînés dans et autour de villes comme Tournai, Binche et Nivelles, accompagnés d’une trentaine de collègues français.
Les para-commandos du 2 Cdo font partie du Special Operations Regiment (SOR), qui est spécialisé dans les opérations ciblées et la guerre non conventionnelle. Cela signifie aussi travailler en terrain civil. C’est l’un des points centraux de Nemesis. « Nous travaillons efficacement dans nos opérations, mais nous devons aussi toujours veiller à ce que les dommages collatéraux soient réduits au minimum », explique le lieutenant-colonel Van der Vorst, commandant du bataillon.
TOURNAI
À l’aube, une section du bataillon s’infiltre dans le bâtiment hospitalier abandonné sur les rives de l’Escaut. Tout est fait avec des signaux de main autant que possible pour garder le scénario tactique aussi réaliste que possible. « Nous essayons de dépeindre des situations aussi réalistes que possible lors d’un tel exercice, sans nous concentrer sur un type d’ennemi spécifique », explique le lieutenant Vermer. Il supervise le respect du scénario. Il n’y a pas de véritable ennemi en vue à des kilomètres à la ronde, mais cela ne doit pas inciter les para-commandos de Flawinne à se reposer sur leurs lauriers.
BINCHE
Qui dit para-commando, dit sauts en parachute. Au deuxième jour de l’exercice, deux sauts sont prévus : un près de Nivelles et un à Estinnes, près de Binche. Un vent fort souffle sur la zone de largage d’Estinnes. Il est surveillé par le personnel du centre d’entraînement de parachutisme de Schaffen. Ils mesurent également la dérive subie par les parachutistes lorsqu’ils sautent de l’A400M. « Si le vent continue à souffler au-dessus d’un nombre de nœuds prédéterminé, le saut est annulé ». Les paras arrivent de Chièvres en France et effectuent un atterrissage sans faute à Estinnes. Après le saut, ils s’entraînent à l’infiltration à pied.
NIVELLES
Le final de Nemesis se déroule dans et autour de l’hôtel de ville de Nivelles. Dans ce scénario fictif, des paramilitaires ennemis ont capturé le bourgmestre Pierre Huart. « L’entraînement en milieu civil nous oblige à travailler de manière plus raffinée et plus correct », rétorque le colonel Van der Vorst. Grâce à un hélicoptère Agusta A109 – et sous les yeux de beaucoup d’intéressés – le bourgmestre est emmené hors des griffes de l’ennemi fictif vers un endroit plus sûr. De l’autre côté de l’hôtel de ville, les collègues français du 8ème régiment parachutiste d’infanterie de marine (8e RPIM) occupent l’ancien bâtiment de la poste. « Une unité avec laquelle nous avons fraternisé pendant des années », dit le colonel. Selon le scénario, les troupes ennemies utilisent le bâtiment pour fabriquer des flyers de propagande. Avec la coopération franco-belge en Roumanie, s’entraîner ensemble à de tels scénarios n’est pas un luxe. Après le spectacle à l’hôtel de ville, les militaires qui ont pris part à l’action se précipitent vers leur lieu sûr, où 2 hélicoptères NH90 TTH les ramèneront à leur base.
« De tels exercices n’ont lieu que quelques fois par an », explique le colonel. « Mais il est très nécessaire de s’entraîner à ce genre de scénarios. De cette façon, nos militaires savent aussi ce que cela fait d’opérer en dehors des domaines militaires ».