Un entraînement réaliste grâce au DuelSim

Vêtus d’un gilet spécial, d’un casque et d’un bracelet muni de capteurs, le Bataillon Carabiniers/Grenadiers (1C/1Gr) commence son attaque à Saint-Trond. Avec la nouvelle technologie DuelSim, la Défense dispose d’un système d’entraînement très performant avec d’énormes possibilités en termes de simulation en direct. Il permet aux militaires de s’entraîner de manière aussi réaliste que possible. Au sein de l’OTAN, ce système est également considéré comme la norme.

 

Cette semaine, l’apothéose de l’exercice Scarlet Forey du 1 C/1Gr a eu lieu sur un ancien domaine de château. Ceci pour s’entraîner aux tactiques, mais c’était aussi l’occasion idéale de tester de nouveaux équipements en coopération avec le Centre de Compétence de la Composante Terre (CC Land). En plus des autres simulateurs assistés par ordinateur et du SAMAS (Small Arms Marking Ammunition System), avec sa capacité unique à générer un effet tangible avec des armes réelles sans causer de blessures, la Défense dispose désormais d’un autre type d’équipement de formation pour la simulation. Le DuelSim de la firme SAAB remplace l’ancien MINIDRA et permet aux militaires de s’entraîner sur le terrain avec leurs véritables équipements, armement et munitions.

 

Cette technologie permet de simuler les effets interarmes, par exemple un appui aérien, un tir d’artillerie, une attaque CBRN ou même un champ de mines. Mais le véritable pouvoir du système réside dans l’After Action Review (AAR), un outil d’évaluation qui fournit un retour d’information complet aux utilisateurs après coup.

 

Capteurs et antennes

 

Dans le poste de commandement, les experts testent toutes les fonctionnalités du programme DuelSim. Tout d’abord, des capteurs spéciaux sur les harnais et les casques sont reliés aux militaires. En combinaison avec les trackers implantés dans les gilets, ceux-ci enregistrent toutes les informations pendant la bataille : positions des alliés et des ennemis, événements importants, actions feu, blessures, etc. Les véhicules sont également équipés de capteurs. L’énorme antenne située à côté du poste de commandement et une voiture spéciale équipée d’antennes 4G captent tous les signaux des gilets, après quoi tout peut être suivi en direct sur un écran d’ordinateur. Le codage du signal laser est entièrement conforme aux normes de l’OTAN. Cela permet aux utilisateurs de participer à des exercices internationaux et à des tests de certification avec le système.

 

Les utilisateurs doivent tirer des munitions à blanc. Le laser est déclenché par le choc et la flamme du tir, ce qui rend le tout très réaliste.  Ce n’est pas seulement tactique, d’ailleurs, mais aussi important pour la chaîne d’approvisionnement médicale. « Le système effectue un calcul de probabilité : êtes-vous mort ou gravement blessé ? Dans le second cas, vous devez vous soignez vous-même, par exemple, poser un garrot. Le capteur sur votre poignet voit alors quels soins vous avez déjà reçus », explique le commandant De Cock. Toutes les actions médicales, comme le buddy aid, sont prises en compte. En outre, le laser de l’arme sera inactif pendant 30 secondes en cas de « blessure » et éteint en cas de « mort ».

 

VAR militaire

 

Comme sorte de « VAR militaire » (Video Assistant Referee), le module AAR indique a posteriori qui a tiré, qui a été touché et quand une attaque donnée a eu lieu. Les utilisateurs du système reçoivent ainsi un retour d’information instructif après l’action. « Vous pouvez objectivement montrer ce qui était moins bon et aussi démontrer pourquoi. Ce n’était pas comme ça avant, mais maintenant c’est mesurable », explique le sergent-major Adriaensen. « Si l’action est mauvaise, on peut remarquer immédiatement que beaucoup de personnes ont été éliminées ».

« Vous ne pouvez plus cacher le fait que quelqu’un s’est retrouvé dans une ligne de feu, par exemple », poursuit-il. « Nous nous entraînions toujours à ces choses, mais nous savions rarement si quelqu’un avait été touché. Maintenant, vous voyez tout immédiatement ».

 

Ceci est également positif pour l’administrateur du système. « Il n’y a plus de discussion après. Chacun doit exécuter les techniques apprises aussi bien que possible. Si par le passé certains visaient parfois mal, ils ne pourront plus le faire avec le laser.  Tout cela est beaucoup plus réaliste. Nous pouvons même enregistrer des messages radio », explique le sergent-major Vangerven du CC Land.

 

Actuellement, DuelSim est initialement opérationnel, mais d’ici 2023, il devrait être pleinement opérationnel afin que toutes les unités puissent l’utiliser.

Bilitis Nijs

Gert-Jan D'haene

Mathieu Duhembre